E riflessioni di Max Simeoni

Des médailles en chocolat pour les élections ?

par Max Simeoni
Le Corse-Matin de ce lundi 26 avril annonce en première page en gros caractères « Entre État et Collectivité, l’heure des clarifications », et la page deux est consacrée à la venue pendant 48h du Ministre de la Cohésion des territoires et du secrétaire d’État au Tourisme. Deux jours sur le terrain corse. Cette page deux affiche en gros caractères comme à la une « Visite ministérielle sur fond de tensions politiques ». L’article de Caroline Marcellin est clair et objectif.

 

Il démontre que le pouvoir central fait en Corse campagne électorale contre les nationalistes. Une telle implication de l’Exécutif de l’État dans des élections locales est une grande première, du jamais vu ! On verra après ce raid ministériel comment les élus locaux, maires, ComCom et CdC, l’auront ressenti…

Il vient de loin, il a commencé avec l’élection de Macron quand les conseillers  en communication lui ont fait afficher le look jupitérien et le sourire girondin dans cette brève période de grâce qui suit une élection importante. Sans l’opposition des Partis laminés de la Vè République, il avait à promouvoir les réformes en « Grandes Régions » que Hollande en fin de mandat avait fait voter par le Parlement et le Statut particulier pour une Assemblée de Corse avec la suppression des conseils départementaux (ex- conseils généraux) suite au fameux « chiche » de Caseneuve. La Corse avait donné une majorité absolue à la coalition des nationalistes qui n’avaient que le vide en guise d’opposition avant que n’apparaisse celui de Macron quelques mois après. Cette chronologie en apparence inversée n’était que le même phénomène de l’écroulement des Partis de la Ve République à Paris. Sans attaches au pouvoir central, les clans dévissent et chutent les premiers. Ces réformes héritées des socialistes, il se devait en bon jacobin de les contenir, les réduire, pour qu’elles ne dérivent pas en tentation de fédéralisme. L’Assemblée de Corse aux mains des nationalistes pouvait servir de cible pour faire la leçon à tous les élus des « Grandes Régions » de l’hexagone. Il présida allègrement autoritaire et humiliant avec Chevènement le cérémonial de l’assassinat du préfet Erignac. Avec un peu de recul on peut dire que cela a été plutôt un couac ! La période de grâce prend fin avec l’agitation des gilets jaunes.

 

La guerre éclair contre les nationalistes corses n’est plus de saison. Jupiter doit de toute façon leur ôter toute crédibilité. Il envoie une poignée de ses Ministres qui évaluent le terrain et les quelques survivants des clans, réconfortent les blessés récupérables. La pandémie ne facilite ni les nationalistes en défense ni le pouvoir élyséen. Elle aggrave les conséquences économiques et sociales que les décideurs à Paris et les gestionnaires « locaux » doivent essayer de prendre en compte. Les mesures de restriction des échanges prises par le Président Macron affolent tous les acteurs du tourisme qui craignent manque à gagner et faillites. Les élus locaux se voient reprocher incompétence et errance. La demande d’aides, de subventions, de moratoires, de crédits devient un leitmotiv.

Le pouvoir central décide que le front corse est urgent et peut servir d’exemple à toutes les « Grandes Régions ». Il lance une attaque. La réunion des États européens méditerranéens à Aiacciu et la visite à Bonifaziu. Une poussette pour Laurent Marcangeli et la reconnaissance LREM pour Orsucci qui l’attendait pour renforcer la citadelle puis sortir de ses murailles. Le préfet Lelarge est responsable sur la ligne de front. Il donne quelques rasade de gnole avant d’armer les baïonnettes (60M et un téléphérique pour la capitale impériale, 10M pour recrépir les blanches falaises.)

La ministre de la Cohésion des territoires et du secrétaire d’État au tourisme sont venus pour doter l’attaque générale d’une artillerie lourde et de blindés. Selon moi le choix d’un renforcement offensif sur l’Île a plusieurs raisons convergentes. Pour sa réélection le Président Macron doit enraciner au mieux son parti LREM dans tout le pays. En Corse cela passe par la réduction de la coalition nationaliste majoritaire « absolue » à la plus simple expression possible. Élue légitime du suffrage universel elle ne serait être accréditée comme un interlocuteur valable. Elle doit rester « locale » sans pouvoir réel. Une autre raison est la conséquence de la suppression des ex- conseils généraux qui jouaient le rôle de béquilles en faveur de l’État central jacobin alternant à l’Élysée, ce qui risquait de laisser la coalition nationaliste en proximité réelle avec tous les maires et d’être en mesure de réaliser de faciles ouvertures. Les préfets, les ministres avec Plans prometteurs, les maires des villes hormis pour l’heure Bastia et Portivecchju, sont mobilisés ou appelés à faire chorus. Sinon l’ostracisme sera leur lot.

 

L’erreur des nationalistes a été de croire à des statuts spéciaux sans pouvoir réel quand il s’agit de sortir la Corse de la dépendance d’un tourisme qui profite à des productions extérieures accompagnées des financements privés et des aides de l’État. Si la Corse importe plus de 97 % de tout ce qu’elle consomme sans contre partie, si elle a plus de 60.000 précaires (les pauvres reconnus par Loi) et autant en passe de le devenir, alors que la part du PIB relatif au tourisme s’élève à au moins 20 %, si la population de l’Île de 160.000 hab. en 1960 a pratiquement doublé ces 30 dernières années avec essentiellement des allogènes etc, cela n’est pas dû au hasard mais à une politique coloniale de l’État républicain. Des écrits le prouvent. L’ARC, dans son premier Autonomia de 1974, faisait connaître son analyse du Schéma d’aménagement de la Corse comme une des alternatives du développement du rapport secret commandité en 1970 par la Datar à l’Hudson Institute. Rejetée par tous les Corses, cette politique continue. Comment ne pas la nommer autrement que coloniale et génocidaire pour le Peuple Corse ? Que penser des nationalistes enfermés dans ce statut inutile pour sortir la Corse de ce piège et qui gaspillent en vain leur énergie dans des jeux électoralistes d’attrape imbéciles ? Quel gâchis ! Ils sont les premiers dindons de cette farce macabre. Ils ont les inconvénients de la gestion des problèmes immédiats avec presque qu’aucun pouvoir. Ils sont à l’usure à chaque heure qui passe et considérés comme les principaux responsables. Ils sont de ce fait des alibis pour les jacobins.

La priorité est d’obtenir le pouvoir d’influer, celui de l’Autonomie pour agir par la Loi et équilibrer mieux les échanges. C’est une urgence historique dont le Peuple a besoin pour ne pas succomber à la colonisation. Il faut une force politique organisée au sein du Peuple Corse pour qu’il ait sa survie possible. Quand cela sera-t-il entrepris ? Après les élections de juin ? Seuls sont mobilisés les courants hostiles, quoique faibles ils sont dopés par les jacobins républicains. Les élus nationalistes n’étant eux que hors sol. Ils sont en apesanteur dans un imaginaire d’égos décorés de médailles en chocolats. Vite le réveil et mettre les pieds sur terre. •